En Inde, le train est incontournable pour se déplacer. Il s’agit d'un des plus importants réseaux ferroviaires au monde avec quelques 23 millions de passagers par jour !


Nous avons donc pris le train pour nous rendre à Jaisalmer. Pour réserver les billets de notre circuit au Rajasthan nous sommes passés par une agence car la réservation de billets est un vrai casse tête pour les touristes. Il existe 5 classes différentes. Les 3 premières classes sont climatisées, fermées ou non sur le couloir. La SL (Sleeper Class) et non climatisée avec des compartiments de 6 couchettes et 2 dans le couloir. Enfin la II ou general class est la classe la plus populaire, pas de couchette ici mais des banquettes surmontées de portes bagages en fer.
Nous avons opté pour la sleeper class.

La petite appréhension (injustifiée) que nous avions après des échanges avec d’autres backpackers s’est vite volatilisée. Même si les wagons sont très sommaires, on y dort bien. Pour preuve, un indien a du nous réveiller à l’arrivée ! Nous avons eu un peu « froid » durant la nuit et du sortir nos sacs de couchage car les ventilateurs au plafond tournent h24 et les fenêtres restent ouvertes. Toutefois un peu de fraîcheur nous a fait beaucoup de bien !
Nous avons roulé 7h et sommes arrivés à 6h30 à Jaisalmer, heure parfaite pour découvrir le fort et profiter d’une belle lumière.

Jaisalmer est une petite ville fortifiée au cœur du désert du Thar. Elle est surnommée la ville dorée et est classée au patrimoine mondial de l’Unesco. Elle est située à une centaine de kilomètres de la frontière avec le Pakistan, d'où une grosse présence militaire dans la ville.
Nous y avons croisé plus de vaches que dans les autres villes, ainsi que des cochons (pratiques pour nettoyer les rues !). La ville est belle avec ses murs ocre et son lac en contre-bas.

Les touristes sont les rois dans l’enceinte du fort : chaque maison reçoit un hôtel, un restaurant, une agence ou un magasin de souvenirs.
Nous avions réservé un hôtel en dehors du fort mais dans l’enceinte de la vieille ville. Un hôtel récent et impeccable…rien que pour nous ! La saison touristique commence véritablement en novembre, nous étions ainsi les seuls clients de l’hôtel avec…20 indiens à nos petits soins.
Nous avons beaucoup déambulé sur le marché et dans les ruelles à la découverte des havelis. Les havelis sont des demeures datant du XVIIIème siècle de marchands qui se sont enrichis à l’époque où Jaisalmer était une étape sur la route des caravanes reliant l’Inde à la Perse. La ville a prospéré grâce aux taxes sur les épices, l’indigo et l’opium. Des indiens nous ont raconté qu’ils en prenaient quelque fois et qu’ils en donnaient à leurs chameaux pour les rendre plus rapides et plus endurant.


Dans le fort nous avons également visité des temples jaïns (on commence à être calés sur le sujet).
Jaisalmer est aussi la porte d’entrée des safaris dans le désert du Thar. Nous avons fait un circuit d’une journée accompagnés de nos 2 chameliers ou « camelmen » et d’un couple suisse très sympa que nous recroiserons probablement plus tard.
Ce fut une première pour nous de monter des chameaux et nous avons adoré ! Ils sont plus dociles que les chevaux kirghizes… Nous étions assez impressionnés au début car ce sont de gros animaux, et sans étrier pour se tenir mieux vaut ne pas tomber (surtout au trot) !



La balade nous a beaucoup plu, nous avons même aperçu des antilopes.
Nos 2 camelmen parlaient bien anglais (comme la plupart des indiens qui ont un pied dans le tourisme) et étaient très sympas. Ils appartiennent à la caste des chasseurs et nous ont raconté leur vie dans le désert. L’un nous a raconté qu’il économisait pour pouvoir se marier et se payer la cérémonie du mariage qui est une véritable institution chez les hindous et qui peut coûter parfois très cher. Le mariage arrangé est encore très présent.

Ils nous ont préparé à manger le midi et le soir avec notre aide. Au menu : légumes (chou, chou-fleur, tomates, pommes de terre, oignons) et riz masala avec un chapati (pain). Tout ça au feu de bois et dans des gamelles comme les nomades.
Nous avons pu profiter du coucher de soleil dans le désert et du magnifique ciel étoilé…

Nous sommes ensuite repartis en jeep car nous reprenions le train de nuit. C’était un rallye en pleine cambrousse et notre camelman nous a même passé le volant. #sebastienloeb
Le désert du Thar n’est cependant pas le Sahara. Il y a beaucoup de végétation avec seulement quelques dunes éparses et des champs d’éoliennes à perte de vue (le parc de Jaisalmer est un des plus grands d'Inde avec plus d'1GW installé sur 28GW à l'échelle nationale). Bien que l’on soutienne vivement la volonté du gouvernement indien de développer les énergies renouvelables (300 millions d’indiens n’ont toujours pas accès à l’électricité et la qualité de l'air est un enjeu sérieux, en particulier pour les grandes métropoles), on peut se poser la question de l’impact visuel engendré par ces éoliennes qui encerclent cette ville classée au patrimoine de l’Unesco…(chose impensable en France).

Jaisalmer fut le point le plus à l’Ouest de notre périple, nous repartons désormais vers l’Est en direction de Pushkar, ville sainte hindoue.
Adèle & Matthieu