La Birmanie, ou renommée officiellement Myanmar par la dictature militaire en 1989, est un pays qui nous intriguait tous les 2.
Replié sur lui-même jusqu’aux années 2000 car dominé par la junte militaire, il fait tristement l’actualité internationale ces derniers mois. L’ONU et la communauté internationale accuse l’armée du Myanmar de se livrer à un nettoyage ethnique contre les musulmans rohingyas, dont plus de 600 000 ont gagné le Bangladesh depuis août pour fuir les persécutions. Bien que la junte militaire ait officiellement cédé le pouvoir en 2015 au gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi, cette dernière n’a aucune autorité sur les dirigeants militaires. Les rohingyas vivent principalement à l’ouest du pays, dans l’Etat d’Arakan. A ce jour nous ne savons pas encore si nous nous y rendrons (au nord de cet Etat, il y a plusieurs sites remarquables). Nous pourrions peut-être mieux appréhender cette crise humanitaire sans précédent.
Néanmoins, malgré ce contexte dramatique, le reste du pays n’est pas impacté et il est possible d’y circuler librement sans encombre. Aucun signe dans les rues ou dans les journaux ne laisse transparaître l’ampleur de la situation.
Nous avons donc pris l’avion de Katmandou pour rejoindre le Myanmar, avec une escale de 6h à Kuala Lumpur. Quelques instants en Malaisie avant d’y revenir dans quelques mois qui nous auront permis de terminer notre nuit sur les banquettes de l’aéroport…

Nous sommes arrivés à Yangon, la capitale économique du pays. Nous logions dans une auberge à Downtown, le quartier vivant et populaire de la ville. Bien que fatigués par le trajet, nous sommes partis explorer la ville dès notre arrivée. Nous sommes tombés sur plusieurs marchés, parfait pour s’imprégner d’emblée de l’atmosphère de la ville et de cette nouvelle culture

Et quels changements par rapport à la culture indo-népalaise ! Les voitures roulent à droite (le volant reste aussi à droite…), la ville est très structurée avec des rues quadrillées et numérotées, les routes sont en grande partie goudronnées et bien entretenues, la circulation est moins anarchique. La langue et l’écriture sont différentes, et nous rencontrons même quelques difficultés à nous faire comprendre car très peu de birmans maîtrisent l’anglais.
Exit le sari, les hommes et les femmes portent le longyi, la tenue traditionnelle, qui est une grande pièce de tissu nouée autour de la taille. Les femmes présentent les joues jaunes, maquillées par le thanakha, un arbre qui pousse au Myanmar.
Nous arpentons les ruelles bondées de stands de fruits et légumes (certains nous sont totalement inconnus), de bétel (ils chiquent aussi ici, comme en Inde et au Népal, une bouchée de feuille de bétel, de chaux, d’épices et de tabac), de poissons péchés dans la rivière Yangon qui borde la ville, et de cuisines ambulantes. Beaucoup d’étalages nous intriguent…

La ville a été bâtie par les britanniques quand la basse Birmanie faisait partie de l’empire colonial au XIX-XXème siècle. Aussi, Yangon est la ville d’Asie du Sud-est qui compte le plus de bâtiments coloniaux. Certains sont occupés par des administrations, cependant un grand nombre d’immeubles victoriens sont en désuétude et envahis par la végétation, ce qui leur donne un certain charme.

Yangon se révèle être une mégapole moderne. De grandes avenues la dessinent, beaucoup d’hôtels de luxe, de restaurants chics et d’énormes centres commerciaux y sont implantés. Cela contraste avec les vieux bâtiments et les ruelles animées.

Malgré la chaleur écrasante et l’humidité ambiante qui nous ont rappelées notre séjour à Mumbai, nous nous sommes déplacés à pieds. Nous nous sommes longuement baladés dans le centre ville, puis plus au nord vers le lac Kandawgyi et la célèbre pagode Shwedagon.
Le lac Kandawgyi est un grand lac bordé d’arbres et le long duquel nous pouvons nous promener sur des passerelles en bois. On peut observer l’étonnant bateau Karaweik, une reproduction d’une barge royale.


A quelques pas du lac siège l’une des plus belles pagodes du monde. Sacrée depuis plus de 2500 ans, la pagode Shwedagon est très impressionnante. On y accède par de grands escaliers dans la pénombre, avant de découvrir le magnifique stupa central décoré de feuilles d’or et la multitude de temples, de petits stupas, de statues de bouddhas l’entourant.

Nous avons assisté au coucher de soleil au milieu des moines, des fidèles et des nombreux touristes et avons pris plaisir à la photographier, malgré les échafaudages installés pour la repeindre.

Le lendemain nous avons pris le train de banlieue qui fait le tour de la ville, à la découverte du Yangon populaire. Le train brinquebalant traverse des bidonvilles, des rizières, des marchés le long des rails…ce fut une agréable promenade.


Nous avons mangé dans des gargotes des nouilles shan, des curry de poulets, des soupes de nouilles, du tofu frit etc. La cuisine est bonne et très économique (entre 60cts et 2,50€ le repas) mais nous ne vivrons probablement pas dans ce pays notre meilleure expérience culinaire. :)

2 jours suffisent pour découvrir Yangon, nous partons donc en direction de Bagan en bus de nuit, le transport par excellence ici !
Adèle & Matthieu