Nous quittons les îles thaïlandaises pour rejoindre le Cambodge voisin. Notre première destination est la ville de Siem Reap à l’ouest du pays, porte d’accès au site d’Angkor.
Nous partons de Koh Tao dans l’après-midi. La traversée de 3h est beaucoup plus paisible qu’à notre arrivée. Nous sommes directement pris en charge au débarcadère par le bus de nuit qui nous conduira à Bangkok. Les compagnies de transport sont remarquablement organisées en Thaïlande.
Nous arrivons à Bangkok à 3h30 du matin, dans les vapes après une nuit peu confortable. Nous irons patienter au Burger King, seul établissement ouvert à cette heure. Les bus directs jusqu’à Siem Reap sont tous complets, donc nous filons à la gare routière au nord de la ville pour prendre un bus local de 6h jusqu’à la frontière, à Aranyaprapthet.
Notre e-visa en poche, nous traversons la frontière à pied sans encombre.

Nous avions eu vent de possibles arnaques aux frontières terrestres en Asie du Sud Est. Et bien, nous n’y manquerons pas !
Côté cambodgien, nous apercevons une navette pour la station de bus, « bus station free shuttle ». Nous sortons de la ville et sommes déposés à 15 kilomètres dans une gare routière déserte… Nous comprenons vite la manœuvre. Nous sommes contraints de prendre un minivan ici. Arrivés à Siem Reap, nous demandons l’arrêt du bus mais le chauffeur fait mine de ne pas comprendre (alors qu’il parle très bien anglais, nous nous en rendrons compte plus tard). Le malin nous déposera au nord de la ville, une horde de tuk tuks attendant pour nous conduire à l’hôtel et nous proposer leurs services pour les visites d’Angkor. Fatigués par notre périple depuis la veille, nous ne cherchons pas à négocier et partons à pied à l’auberge. Ces quelques kilomètres nous dégourdirons les jambes !
Après ces débuts un peu chaotiques au Cambodge, nous sommes très bien accueillis à l’hôtel avec un barbecue de brochettes suivi d’une bonne nuit de sommeil.
Le lendemain nous commençons la visite du site d’Angkor. Nous y resterons 3 jours.
La mythique cité fut la capitale de l’empire khmer du IX au XIVème siècle (« Angkor » signifie « capitale » en khmer). Pendant cette période, l’empire régna sur l’Asie du Sud Est et érigea des temples et des aménagements hydrauliques spectaculaires.
A son apogée, la cité comptait presque 750 000 habitants !
Puis Angkor fut abandonné au XVème siècle, livré au pillage et envahi par la végétation.


Il fut pris par l’empire siam (Thaïlande actuelle) pour être récupéré par les français au début du XXème siècle, quand le Cambodge était sous protectorat.
Angkor est classé depuis 1992 au patrimoine mondial de l’Unesco et est la fierté et l’emblème du Cambodge. On retrouve d’ailleurs 3 tours d’Angkor Wat sur son drapeau.
Plus de 200 temples sont recensés sur les 400 km² que couvre Angkor. Une vingtaine se visite principalement via 2 circuits. Ils permettent de découvrir les 3 temples les plus remarquables : Angkor Wat, le Bayon et Ta Phrom.
Aujourd’hui la plupart des temples sont en ruines et ensevelis par la végétation. Le Ta Phrom par exemple, est écrasé par les arbres fromagers qui, avec leurs racines tentaculaires, s’infiltrent dans les murs de pierres. La jungle reprend ses droits et dans ce décor époustouflant, on se sent l’âme d’explorateurs.




En raison entre autres des invasions siam et cham, la religion de l’empire khmer évolua au fil des siècles. Ainsi, certains temples comme Angkor Wat sont dédiés aux divinités hindoues, Shiva et Vishnu, et d’autres comme le Bayon sont dédiés au Bouddha.
Ils ne présentent pas non plus la même architecture. On distingue les temples montagnes des autres temples. Le Bayon est la plus belle réalisation. Il est ornementé d’immenses têtes de Bouddha souriant.


La grandeur de cette civilisation s’exprime également par les bas reliefs époustouflants et les statues d’une finesse remarquable qui agrémentent les temples. Ils représentent le bouddha, des animaux sacrés, des apsaras (danseuses célestes), raconte le Ramayana (épopée hindoue) etc.

Angkor est également admirable pour son système hydraulique. Les khmères élaborèrent un réseau complexe qui permettait de recueillir les pluies de la mousson par 2 grands bassins (les barays oriental et occidental) et de les redistribuer pendant la saison sèche par des canaux. Les douves de 100 mètres de large autour d’Angkor Wat n'était pas un moyen de défense mais servaient à l'approvisionnement en eau. De plus, (merci Papa pour cette info !) l’eau permet de stabiliser les temples. Ils n’ont pas de fondation et reposent sur du sable. Le sable gorgé d’eau et le poids des pierres permettent de maintenir les temples.

Cette gestion de l’eau fit la puissance du royaume, mais également son déclin. Des scientifiques pensent que ce système, pourtant très ingénieux, provoqua une grande sécheresse et contraignit les khmers à abandonner la cité pour Phnom Penh, la capitale actuelle.
Nous avons donc profité de nos 3 jours de visite pour explorer ce vaste site. Le premier jour, nous avons enfourché des vélos et parcouru environ 35 kilomètres. Malgré la jungle qui offre de l’ombre et un peu de fraîcheur, il faisait très chaud. De plus, la fréquentation du site est telle que le retour en ville à vélo fut assez périlleux. Nous opterons donc pour un scooter pour les jours 2 et 3, ce qui nous permettra aussi d’aller plus loin.

Le site fut miné par les khmers rouges. Aujourd’hui déminé, il est tout de même proscrit d’aller explorer la jungle seuls. Nous resterons sur les circuits classiques, très bien balisés.
Le deuxième jour, nous nous lèverons tôt pour aller assister au lever du soleil sur Angkor Wat. Evidemment nous n’étions pas les seuls à avoir cette idée…des centaines de touristes étaient déjà présents. Grâce nos grandes tailles, nous avons quand même réussi à prendre de jolies photos du temple et du ciel flamboyant. Malgré la foule, c’est un moment dont nous nous rappellerons.

Nous avons quand même cru que nous n’arriverions pas à temps à Angkor Wat. Nous avons été arrêtés par un policier à 5h30, car nous roulions à contre-sens. Pour notre défense, de nuit et avec les phares du scooter, il est impossible de lire les panneaux. Et puis les cambodgiens et le code de la route…On discute un peu, pas longtemps car nous sommes pressés, et payons une petite amende de 5$. On se demande quand même si ce policier, à cette heure et sur cette route, ne cherche pas à arrondir ces fins de mois…
Avec le réveil matinal, la chaleur, et après une matinée de visites, c’est la fatigue en début d’après-midi, le coup de bambou même !
Nous rentrons faire une sieste avant de repartir pour le coucher du soleil à Angkor Wat. Nous serons dans les derniers à partir et aurons un aperçu du temple désert.

Le troisième et dernier jour, nous irons au sud vers le lac Tonlé Sap. Il s’agit du plus grand lac d’eau douce d’Asie du Sud Est. Il fonctionne comme un réservoir avec le Mékong. Il permet d’ajuster la variabilité du fleuve pendant la mousson. Drôle de phénomène que ce fleuve qui remonte dans les terres !

En période de mousson, sa surface peut quadrupler. La saison des pluies s’est achevée en septembre, par conséquent nous n’avons pas pu aller sur ses rives. Pourtant l’eau arrive jusqu’au village que nous avons visité. Les maisons sont construites sur pilotis, comme la gendarmerie (le mot est resté, vestige de l’époque coloniale), l’hôpital ou l’école.


Nous ferons une pause dans un restaurant avec des hamacs qui surplombe les rizières verdoyantes.

Nous retournerons à Angkor l’après-midi, une dernière fois avant de repartir.

La campagne est belle et plus paisible que le centre de Siem Reap. Siem Reap est situé à quelques kilomètres de l’entrée d’Angkor, il est le camp de base des touristes. De ce fait, il y a beaucoup d’hôtels et de restaurants de luxe. Le centre ville est plus routard avec des night markets et une pub street, une rue de bars animés aux tarifs attractifs : 0,50 $ la bière pression et 1,5$ le cocktail.

Nous avons été étonnés de constater que le Cambodge utilise le dollar. Ils ont une monnaie nationale : le riel, mais elle est utilisée uniquement pour les petites transactions ou les centimes. Le dollar a commencé à être utilisé au début des années 90. Il apporte une stabilité à l’économie cambodgienne en plein développement. Ainsi nous voyageons avec le dollar et le riel, et jonglons entre les 2.
Angkor nous a ébahis. C’est un endroit mythique, célèbre dans le monde entier et qui nous laissera un souvenir incroyable. Ce site, un des plus grands chantiers archéologiques du monde, fait aujourd’hui rêver les voyageurs et accueille tous les ans 2 millions de visiteurs.
Nous aimons bien l’expression « Atlantide tropicale », qui décrit bien cette jungle de ruines. Découverte au XIXème siècle, elle livre encore des secrets aujourd’hui.


Nous partons désormais vers le sud, de l’autre côté du lac Tonlé Sap, à Battambang.
Adèle & Matthieu