Le départ est matinal. Nous ingurgitons notre petit déjeuner, saluons nos hôtes et partons prendre le métro. Nous allons jusqu’à la gare routière au sud de la ville pour nous rendre à Sighnaghi, petit village dans la région de la Kakhétie à un peu moins de deux heures de route.

A la gare, nous trouvons sans trop de difficultés le bon mashrukta. Les mashruktas sont des minibus qui relient les villes sans arrêt défini, il est possible de les prendre ou de s’arrêter à n’importe quel endroit en demandant au chauffeur. Nous en avions déjà expérimentés au Kirghizistan. Le bus est plein. Nous partons à l’heure et roulons pendant deux heures à vive allure. La route traverse des vignobles, nous sommes dans la bonne direction. Sighnaghi est un petit village au sommet d’une colline. C’est un village très pittoresque, bien qu’il soit devenu très touristique.

Nous logeons dans une guesthouse dans le village. Le père de famille nous accueille. Il a quelques notions d’anglais qui nous permettent de converser. Il nous fait aussi goûter son vin maison. Plutôt liquoreux, il se révèle avoir un goût prononcé bien différent des vins que l'on a l'habitude de consommer en France. Trois autres français séjournent également ici, dont un qui parle couramment russe. Il nous aide à traduire et à apprendre quelques mots de géorgiens. Enfin la famille nous donnera quelques recommandations pour nous balader dans le village. Nous commençons par le sud, pour aller voir et marcher sur les vestiges d’une muraille. Quelques tours ont été conservées. Elles permettaient de lutter contre les envahisseurs. De là-haut nous dominons une grande plaine qui s’étend jusqu’au Daghestan (république russe limitrophe du nord de la Géorgie).


Dans les rues, nous croisons beaucoup de Lada. Nombreux sont les géorgiens à circuler encore en lada, une vieille voiture soviétique.

Des vendeurs de tapis et de souvenirs encadrent une des rues principales. Ils témoignent du développement touristique de la ville. Beaucoup de personnes sont la seulement pour la journée, faisant l'aller retour depuis Tbilissi. Au centre du village, il y a une petit parc et un marché couvert avec des vendeurs de fruits et de légumes, de fromages frais et de tchouchera, une confiserie en forme de saucisse préparée à base de jus de raisin et de noix. Nous déjeunons en terrasse le long de la grande rue à regarder défiler les touristes chinois qui font le tour de la ville en voiture aménagée et les russes en quad... Nous déjeunons une salade de tomates et de concombres (les tomates sont incroyablement bonnes !), des aubergines aux noix et un katchapouri.


Après le repas, nous entamons une petite marche digestive avant de retourner à la ghesthouse. Nous sommes accueillis avec un verre de vin, produit par notre hôte. C’est une étrange boisson...le vin a une couleur ambrée, un goût âpre et très fort en tannins. Nous le buvons poliment en dissimulant nos grimaces. Les autres français partagent notre impression et nous rions. Nous demandons à notre ami géorgien s’il est possible de visiter des vignobles. Il acquiesce et appelle un de ses amis pour nous conduire. La Kakhétie est réputée pour être la région des vins de Géorgie. Certains experts affirment même que la Géorgie est le berceau du vin, produit depuis 6000 ans avant JC. Les techniques ancestrales continuent d’être pratiquées. Nous aurions aimé nous déplacer autrement qu’à l’aide d’un chauffeur privé. En effet quand nous voyageons nous préférons utiliser les transports publics plutôt que les excursions privées, qui nous mettent mal à l’aise. Toutefois dans cette vaste région, il n’y a pas d’autre alternative car il n’y a pas de bus ni de location de véhicule. Notre chauffeur est très sympathique mais ne parle pas anglais, nous pouvons seulement communiquer avec des signes ou nos quelques rudiments de géorgien. Nous nous rendons à Kvareli, à un peu moins d’une heure de route. Nous visitons une coopérative. Elle produit 2 millions de bouteilles par an de 40 vins différents. Elle exporte beaucoup en Europe de l’Est.

Nous dégustons trois vins : deux traditionnels avec une fermentation en qvevri et un semi sweet (« doux »).

Les qvevri sont des jarres traditionnelles enterrées dans le sol qui permettent la fermentation du vin.

Le raisin qui donne le semi sweet est cultivé sur du sable noir. Le raisin est récolté et fermenté pendant 3 semaines avant d’être placé au au frigo pour stopper la fermentation.

Nous rejoignons un groupe pour faire la visite de la coopérative. Elle est animée par une géorgienne à l’anglais parfait. Elle nous explique les différentes techniques, les étapes du procédé etc. À l’extérieur il y a d’énormes tanks de stockage permettant de produire du vin avec des méthodes plus modernes. Tandis qu'à l'intérieur on retrouve encore des cuves en argile datent de 1930 et servent de réfrigérateur naturel. Dans un bâtiment, nous découvrons les Qvevri. Ces jarres sont enterrées car elles permettent de conserver le vin à une température constante entre 13 et 15 degrés. Le vin sec rouge est stocké dans les qvevri en moyenne 6 mois, le vin blanc 4 moisi pour le vin sec rouge (6 mois) et blanc (4mois). Ils sont enterrés à 2 mètres de profondeur et installé jusqu’à 100 ans. Ils sont nettoyés entre chaque vendange et parfois réparés avec de la cire d’abeille. Notre guide nous montre un tronc creusé qui servait autrefois à presser le vin. Cette méthode n’est plus utilisée. La visite se termine par le laboratoire et la cave. Nous rejoignons notre chauffeur et poursuivons la route jusqu’à une grande cave, longue de 7,7 kilomètres. Elle est fournie par 3 usines du pays et contient 26000 bouteilles datant de 2014. Les conditions de température et d’humidité sont constantes, soit 12 degrés et 70%. Le vin est apparu en Géorgie 6000 ans avant Jésus Christ. Le pays compte 400 vins différents. Notre guide est jeune et parle parfaitement anglais. Il nous questionne un peu sur le vin français. Nous repartons ensuite tranquillement en direction de Sighnaghi, en s’arrêtant dans les vignes pour prendre des photos.

Le soir nous allons nous promener dans le village pour profiter de la lumière de la fin de journée. Nous dînons dans un restaurant à proximité de notre logement. Des brochettes de bœuf, des champignons fourrés au fromage et un katchapouri (encore!).
Notre séjour en Kakhétie fut agréable mais bref, car nous repartons le lendemain matin pour rejoindre les montagnes. Nous sommes excités à l’idée de rencontrer les hauts monts du Caucase.

Adèle & Matthieu