Nous quittons le petit village de Signaghi et sa douce atmosphère. Nous saluons chaleureusement nos hôtes et partons d’un bon pas vers la gare routière. Afin de nous rendre à Kazbegi, notre prochaine étape située dans le nord du pays, il est obligatoire de repasser par Tbilissi car il n'existe pas de bus direct. Nous nous levons donc tôt pour attraper le premier bus vers la capitale en espérant arriver en début d'après midi à Kazbegi. Toutefois nous n’avions pas réservé contrairement à d’autres occidentaux. N’étant pas prioritaires, nous sommes priés d’attendre le mashrukta des locaux qui arrive peu après. Celui ci effectue quelques détours dans la campagne, pour notre plus grand plaisir. Nos yeux ne quittent pas les fenêtres. Nous profitons des vastes paysages et des petits villages reculés du sud de la Kakhétie.
La conduite est encore une fois sportive. Nous arrivons à Tbilissi à midi et prenons directement le métro jusqu’à la station Didube, au nord de la ville. Il s’agit de la station d’où partent les marshruktas vers l’ouest et le nord du pays.
A peine sortis du métro, deux allemands nous accostent pour nous proposer de partager un taxi. Le taxi, contrairement aux mashruktas, permet de s’arrêter le long de la route pour découvrir quelques points d'intérêt.
Nous nous installons tous les 4 dans un grand monospace, prêts à reprendre la route. C’était sans compter le rabatteur de la gare routière (qui semble maîtriser tous les taxis) qui repart chercher d’autres touristes pour remplir la voiture. Un chinois nous rejoint. Celui-ci vit en Russie et parle couramment russe, ce qui nous permet de discuter avec le chauffeur. Un couple de suisses se joint également à nous. Il reste une place pourtant le rabatteur envisage d’installer 2 autres personnes. Tous les passagers râlent un peu, fatigués et impatients. Nous acceptons de payer un peu plus cher et partons aussitôt.
La Route Militaire, qui mène à la frontière russe, est en bon état. Elle est l'une des 3 seules routes traversant le Caucase, ce qui la rend très fréquentée par des camions géorgiens, russes, iraniens ou turques.
Malgré le trafic, nous arrivons rapidement au château d'Ananuri. Construit au 13ième siècle, la forteresse possède 2 églises et domine un lac artificiel. Le cadre est superbe. Les couleurs de la pierre et de l’eau turquoise forment un beau tableau. À l’intérieur de la forteresse, nous visitons une église avec des icônes. Celle-ci est chichement décorée, sans vitraux. Il est possible de gravir les remparts pour admirer la vue sur le lac.


La suite de la route s'enfonce petit à petit dans le Caucase.
Nous traversons en voiture la station de ski de Gudauri. C'est la plus grande station du pays et elle est en plein développement: de nombreux hôtels sont en construction le long de la route.
En arrivant au col à près de 2400 m d'altitude, nous faisons un dernier arrêt au monument de l'Amitié russo-géorgienne. Assez cocasse étant donné les récentes actualités... Le monument est un imposant bloc de béton recouvert d’une fresque colorée.

Malgré les nuages qui cachent les sommets, nous avons déjà un premier aperçu des vallées du Caucase. Le canyon qui s'étend à nos pieds est impressionnant.


Le site est par contre très touristique: la plupart des voyageurs qui se rendent à Kazbegi s'y arrêtent. Il y a des stands de souvenirs et de nourriture, ainsi que des "attractions" surprenantes: du parapente, des balades en quad ou à cheval, des singes qui posent sur des photos, des perroquets...un stupéfiant parc d'attraction improvisé en pleine montagne.

Nous arrivons finalement à Kazbegi aux alentours de 15h. Le temps est splendide. Nous décidons d’aller camper dans la montagne. Nous partons acheter quelques provisions à la supérette du village: du pain, du fromage, du lobiani (pain fourré aux haricots rouges), quelques biscuits et des fruits.
Le sentier part du village de Kazbegi jusqu'à la célèbre Eglise de la Trinité.

Le poids des sacs se fait rapidement sentir. Malgré le dénivelé, nous arrivons une heure plus tard à l'église.
Les plus courageux empruntent le sentier de pierres à pieds, tandis que les autres choisissent de monter en 4x4 par la route construite récemment. En raison de ces derniers, l’église est bondée et il y a désormais un énorme parking de bitume qui défigure un peu le paysage.


Dans la direction opposée du village, nous pouvons apercevoir le mont Kazbeg. Ce géant du Caucase est un volcan endormi de 5047 m. C'est la deuxième plus haute montagne de Géorgie, très prisée par les alpinistes débutants car elle ne présente à priori pas de difficultés. Notre objectif n'est pas d'atteindre le sommet, mais de nous approcher au maximum le lendemain.

Nous plantons la tente sur une colline, en face de l'église. La vue est impressionnante.

Une fois installés, nous savourons notre repas, seuls au monde au milieu de ce paysage époustouflant.

La nuit tombe, accompagnée du froid. Nous nous réfugions dans nos sacs de couchage.
Installer la tente sur une arrête exposée au vent n'était pas très intelligent...En quelques heures, la petite brise s'est transformée en vent terrifiant. Les arceaux se courbent et s'affaissent sur nous. Nous sommes obligés de tenir la toile avec nos mains tant bien que mal. Nous ne dormirons pratiquement pas de la nuit. Exténués, nous plions bagages à l'aube bien que le vent souffle encore.
Cet épisode est une belle leçon d’humilité. La montagne peut être menaçante et dangereuse. Nous réfléchirons à 2 fois avant d’installer la tente à l’avenir...
Heureusement, la vue du lever du soleil sur le Mont Kazbeg nous apporte du réconfort et de la motivation pour marcher.

Nous avions prévu de randonner jusqu’au premier camp de base du mont Kazbek. Malgré la fatigue, nous sommes déterminés. Nous partons équipés de nos coupes-vents. Le vent souffle encore avec force, mais la marche le rend plus supportable que l’immobilisme dans la tente.
800m de dénivelés plus tard, nous arrivons au pied du glacier. Il est encore tôt donc nous sommes seuls.


Nous nous arrêtons dans un refuge en bois flambant neuf. Nous nous accordons une pause bien méritée autour d’un café. Nous avons une vue directe sur le sommet du Kazbek. C’est majestueux.

La sentier continue sur un glacier. Nous ne sommes pas équipés donc nous entamons la descente de 1300m de dénivelés. Contrairement à l’ascension, nous rencontrons beaucoup de marcheurs dans l’autre sens. Parmi eux, des petits groupes d'alpinistes qui partent tenter l’ascension, équipés de crampons et de casques.

Nous arrivons en début d’après-midi au village. La nuit blanche se ressent dans les jambes.
Nous arpentons quelques rues jusqu’à dénicher une chambre dans une guesthouse. Notre hôte a les traits d’une slave avec ses cheveux blonds et sa silhouette forte. Elle est très sympathique. Nous la remercions chaudement quand elle nous montre la douche avec de l’eau chaude et le lit moelleux. Le bonheur...
Elle ne parle pas anglais, donc nous devons communiquer par des gestes et nos quelques rudiments de russe et géorgien appris plus tôt. Elle nous offre de la Compot. Il s’agit dune boisson concentrée en fruits, en l’occurrence des pommes, délicieusement sucrée. Elle passe l’après-midi à regarder des sitcoms russes, ce qui nous amuse beaucoup et elle aussi.
Kazbegi n’est pas une belle ville. Les bâtiments sont désordonnés et non harmonieux. Seules les montagnes en arrière plan confère du charme au lieu. Comme la ville est traversée par la route militaire qui continue jusqu’à la frontière russe, il y a beaucoup de trafic et de poussières.


Nous allons prendre une bière en terrasse pour profiter du soleil d’altitude.
Le soir nous mangeons dans un petit restaurant familial. Les khinkali étaient délicieux !
Adèle doit passer un entretien téléphonique le lendemain matin pour sa recherche d’emploi. Nous prenons un petit déjeuner et nous nous baladons dans la ville en attendant. Nous devons nous rendre à Juta, petit village à une vingtaine de kilomètres ou nous prévoyons de nous aventurer de nouveau dans la montagne.
Adèle & Matthieu
